
Pierre Rabhi a en effet vingt ans à la fin des années cinquante,
lorsqu'il décide de se soustraire, par un retour à la terre, à la
civilisation hors sol qu'ont largement commencé à dessiner sous ses yeux
ce que l'on nommera plus tard les Trente Glorieuses. Après avoir dans
son enfance assisté en accéléré, dans le Sud algérien, au vertigineux
basculement d'une pauvreté séculaire, mais laissant sa part à la vie, à
une misère désespérante, il voit en France, aux champs comme à l'usine,
l'homme s'aliéner au travail, à l'argent, invité à accepter une forme
d'anéantissement personnel à seule fin que tourne la machine économique,
point de dogme intangible. L'économie ? Ce n'est plus depuis longtemps
qu'une pseudo-économie qui, au lieu de gérer et répartir les ressources
communes à l'humanité en déployant une vision à long terme, s'est
contentée, dans sa recherche de croissance illimitée, d'élever la
prédation au rang de science. Le lien filial et viscéral avec la nature
est rompu ; elle n'est plus qu'un gisement de ressources à exploiter -
et à épuiser. Au fil des expériences de vie qui émaillent ce récit s'est
imposée à Pierre Rabhi une évidence : seul le choix de la modération de
nos besoins et désirs, le choix d'une sobriété libératrice et
volontairement consentie, permettra de rompre avec cet ordre
anthropophage appelé "mondialisation". Ainsi pourrons-nous remettre
l'humain et la nature au coeur de nos préoccupations, et redonner,
enfin, au monde légèreté et saveur.
Pierre Rabhi vit depuis 50 ans à contre-courant. Mais qui à
cause, ou grâce à la crise, est de plus en plus écouté et apprécié. Très jeune,
cet autodidacte a commencé une réflexion sur la société et la condition
humaine, qu’il vivait à l’époque comme une aliénation et a préféré avec son
épouse, vivre une vie choisie, proche de la nature. Paysan, écrivain, et
penseur français, d’origine algérienne, Pierre Rabhi est l’un des pionniers de
l’agro-écologie…
Depuis 1981, il transmet son savoir faire, en France, en
Europe et en Afrique, pour permettre aux populations de retrouver une autonomie
alimentaire. Il est l’initiateur de nombreux projets, comme le mouvement Colibri,
un mouvement pour la terre et l’humanisme qui regroupe plus de 60 000 personnes
engagées à construire un nouveau projet de société.
Il nous incite à un réveil
des consciences pour sortir du mythe de la croissance indéfinie et inaugurer
une nouvelle éthique, qu’il a pratiqué toute sa vie et qu’il appelle la « sobriété
heureuse ». Peut-être une des solutions face au mal-être des civilisations
contemporaines…
Je vous propose de prendre quelques minutes pour l'écouter : https://www.youtube.com/watch?v=LKIK6jGAWQE
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