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Samedi de Ian McEwan



Pour Henry Perowne - neurochirurgien réputé, mari heureux, père comblé d'un musicien de blues et d'une poétesse - ce devait être un samedi comme les autres. Pas question d'aller défiler contre la guerre en Irak. Plutôt goûter les plaisirs de la vie. Et pourtant... Un banal accrochage, et voilà la violence qui surgit dans son existence protégée. Henry aura beau tenter de reprendre le fil de sa journée, ses vieux démons et le chaos du monde le rattraperont sans cesse durant ces vingt-quatre heures, au terme desquelles plus rien ne sera jamais comme avant. Tout en faisant diaboliquement monter le suspense, McEvvan entrelace événements planétaires et privés avec une telle virtuosité que cet étrange samedi devient la métaphore de toute une vie, de toutes nos vies fragiles d'Occidentaux pris dans la tourmente de ce début de siècle. Et cette réflexion profonde sur le hasard et le destin, les pouvoirs respectifs de la science et de l'art, la quête d'un sens qui résisterait à la mort, nous montre une fois de plus, après Expiation, un romancier parvenu à la plénitude de son talent.

Si l'on débute la lecture de ce roman en imaginant se lancer dans un thriller, on risque d'être déçu. En effet, ici, pas de surabondance d'actions violentes à chaque page, pas de rythme effréné de l'action. Non, ce roman est le récit d'un samedi presque ordinaire dans la vie d'un homme sans problèmes: un métier qui le passionne, une vie de couple épanouie, des enfants qui réussissent dans le domaine de leur choix, donc un homme heureux! Et c'est l'irruption déraisonné et brutale d'une violence gratuite et terrorisante qui va casser la monotonie de cette journée.

La prouesse de l'auteur est de nous faire vivre ce samedi au même rythme que son personnage le vit. La plus grande partie du roman suit la lenteur d'un samedi de congé avec ses rites et son agréable oisiveté. Notre lecture vagabonde, avec la pensée du héros, dans sa vie familiale, professionnelle, dans l’actualité et son cortège d'événements inquiétants...
Et soudain, pour une broutille, tout bascule. Une autre réalité vient frapper à la fois le personnage et le lecteur, celle de la présence permanente et incompréhensible de la violence gratuite. Et, à la douce lenteur de ce samedi succède la précipitation: de l'action, des pensées du héros, du rythme du récit.

Beaucoup de finesse dans ce roman où rythme de l'action et rythme de la lecture se superposent. Beaucoup de finesse aussi dans le personnage principal dont on suit systématiquement le cheminement de la pensée,aussi surprenante soit-elle. Mais je me suis ennuyée la plupart du temps, j'ai du m'accroché pour arriver au bout et finalement je ne regrette pas... Un avis en demi-teinte.