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Le joueur d'échecs de Stephan Zweig

Lors d une croisière rejoignant l Argentine, le champion du monde d échecs, Mirko Csentovic, rencontre un homme capable de le battre, le Dr B. Curieux de connaître les raisons d une telle maîtrise de son art, le joueur va pousser son adversaire à raconter son instruction. Il s'avère alors que c'est en détention, lorsqu'il était aux mains de la Gestapo, que le docteur a fait l'apprentissage du jeu. Les échecs étant l'unique échappatoire de cet homme persécuté, ils occupèrent bientôt tout l'espace de son imagination jusqu'à devenir une obsession.
Czentowicz, champion d'échecs arrogant, esprit borné à outrance, inculte et étonnamment stupide, occupe le premier plan jusqu'à l'entrée en scène de Monsieur B. Dès lors que cet aristocrate autrichien s'intéresse à la partie livrée entre le champion et les passagers amateurs, la direction du texte bascule. Par un effet de symétrie, la narration se transforme en un face à face tendu entre un esprit brillant et rapide à l'intelligence abstraite et un cerveau au pragmatisme brutal, incapable de projection véritable. Mise en scène percutante de la résurrection de la folie, cette nouvelle oscille entre ouverture et enfermement. Dans cette avancée implacable de la stupidité destructrice, allégorie de la victoire du nazisme mais aussi chef-d’œuvre de composition, Zweig s'intéresse peu à la survie du corps, préférant montrer les réactions de l'esprit, qui trouve un symbole parfait dans ce jeu éminemment intelligent mais désespérément stérile. Publié en 1943, un an après le suicide de son auteur, Le Joueur d'échecs fait figure de testament dans l’œuvre de Zweig.


A lire absolument !

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