A qui parler quand on est pauvre, perdue, rejetée de sa famille ? Jbara, petite bergère des montagnes du Maghreb, parle à Allah. Il est, dans un monde qui ne voulait pas d'elle, son seul confident. Elle lui raconte sa vie, la misère, le mépris, son père ignorant et brutal qui la traite en servante, les hommes qui la traitent en objet, la découverte progressive du pouvoir de la beauté, la prostitution, la prison, le désir d'ailleurs : une vie semblable à tant de vies de femmes, aujourd'hui. Monologue fiévreux, porté par une rage irrépressible, que la verve et l'humour rendent encore plus acérée, Confidences à Allah est un témoignage direct, cru, sur l'oppression des femmes, mais aussi, et d'abord, le portrait d'une jeune fille résolue à exister par elle-même, et qui ne se soumettra pas.
Ce livre est un cri de révolte, contre l'injustice, la misère, la condition des femmes dans les pays musulmans, la bêtise et la cruauté des hommes, mais aussi une dénonciation morale et surtout traditionnelle de la religion.
Le ton est peut-être un peu trop vulgaire parfois, mais le personnage de Jbara est très attachant. Je lirai dès que possible un autre roman de Saphia Azzeddine (celui-ci était son premier).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire